Isabelle Eberhardt : Une aristocrate fascinée par le désert

Jeudi 29 Octobre 2009 -- Biographie d'Isabelle Eberhardt, cette européenne, journaliste et écrivaine qui a vécu dans le Sud algérien est le thème d’une conférence qui s’est déroulée à Constantine. Lors d’une conférence, animée mercredi dernier en marge de la semaine culturelle de Naâma à Constantine, M. Ali Nabti, enseignant des sciences de la communication à l’université de Saïda, a estimé que si Isabelle Eberhardt, cette européenne rebelle, journaliste et écrivaine de l’aristocratie russe venue découvrir le désert algérien et y vivre, avait collaboré avec l’administration française, celle-ci lui aurait sûrement réservé le plus grand intérêt. Le conférencier a même affirmé qu’à la bibliothèque d’Aix-en-Provence, les écrits d’Eberhardt sont classés dans le rayon vagabondage et que le général écrivain Lyautey, qui a connu Elisabeth à Aïn Sefra, ne lui a réservé que deux lignes dans son livre Lettres de Sud oranais, en la qualifiant de réfractaire. Zoom sur une courte mais très riche part d’événements marquants, l’universitaire a tracé l’itinéraire d’une femme exceptionnelle. Isabelle Eberhardt débarqua un jour de 1897 avec sa mère à Annaba. Elle décida de ne plus retourner en Europe. Elle épousa un sous-officier constantinois, embrassa l’islam, apprit la langue arabe, s’habilla en homme et partit à la découverte du grand désert et du monde des zaouïas. Premier heurt avec l’administration française de l’époque. L’universitaire rapporte qu’Elisabeth avait dénoncé l’installation des bureaux arabes et témoigna par la suite dans ses écrits sur la barbarie française dans la révolte des Marguerites à Khemis Millana. Elle dénonça avec véhémence l’instauration de tribunaux répressifs à l’encontre des Algériens qui ont refusé de céder leurs terres aux colons.

En 1901, elle fut la première femme correspondante de guerre. Elle était partie du côté des frontières marocaines sur les traces de la Légion étrangère venue faire la guerre en Algérie et rapporta dans ses interviews enregistrées avec ces soldats européens et battus par l’armée de la résistance populaire menée par Cheikh Bouamama, la différence entre faire la guerre par conviction et la faire pour de l’argent. Entre ses couvertures médiatiques, insiste M. Nabti, Isabelle Eberhardt a écrit des centaines de manuscrits décrivant la vie des Algériens à Aïn Sefra, Naâma, Béchar et plusieurs autres régions du Sud. Un témoignage de l’intérieur et un regard autre que celui des écrivains visiteurs est sûrement, de l’avis de l’universitaire, un travail d’une grande importance anthropologique, celui d’une femme qui ne cessait de dire qu’elle était possédée par ce pays, qu’elle considérait le sien. Isabelle Eberhardt périt à Aïn Sefra lors d’une inondation, en 1904. Ses manuscrits ont été récupérés par le général Lyautey et remis à Barrucand, son rédacteur en chef. De ses notes, Barrucand publia quatre œuvres dont : À l’ombre chaude de l’islam. M. Nabti assure que cet écrit est une véritable œuvre de dialogue entre les civilisations. Parcours qui se prête idéalement à un scénario de film, le conférencier a appelé les cinéastes à se pencher sur la vie exceptionnelle de l’amazone du désert.

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